samedi 25 janvier 2014

Qu'est-ce qu'un "maudit Français" ?

En tant qu'immigrés, on aime toujours entendre quelques bons conseils sur la façon de bien s'intégrer. Ben oui, on est quand même un minimum ouverts d'esprit, donc on a bien rigolé en voyant le titre de cet article paru dans le journal Métro : "Guide pour éviter d'être un maudit Français". Personnellement, j'avais hâte de découvrir ces fameux conseils (et pourtant, on ne peut pas dire que notre intégration se passe mal) mais me voilà bien déçue de lire de telles niaiseries (écrites par un Français, je précise)... Enfin il y a quand même quelques vérités dans cet article, mais le reste... bonjour les clichés et les non-sens.

Il faut d'abord savoir ce qu'est un "maudit Français" : pour certains, c'est une façon de taquiner gentiment les Français ; pour d'autres, c'est presque une insulte (personnellement, je dirais que ça dépend de la façon dont c'est dit, mais je ne trouve pas ça vexant). Certains disent qu'il s'agit du stéréotype du français arrogant et donneur de leçons (oui, il faut bien avouer que c'est souvent l'image qu'on a à l'étranger). Moi, j'ai entendu une autre version pour expliquer cette expression (et je préfère celle-là) : la différence entre un Français et un maudit Français ? Le Français, c'est celui qui vient au Québec ; le maudit Français, c'est celui qui vient au Québec et qui y reste ! Ok, c'est plus une blague qu'autre chose, mais moi j'aime bien !

Allez, penchons-nous sur cet article qui devait, apparemment, nous aider à nous intégrer en 4 points : (et coupé en 2 parties pour pouvoir rentrer dans mon scanner)


1) "Saisir les règles du jeu au bureau" : là, y'a du vrai dans ce que dit ce cher Philippe Renault. Au Québec, on peut être surpris en découvrant qu'on aura si peu de vacances (2 semaines par an pour un grand nombre de salariés en intégrant une entreprise), et par le fait que la relation avec son patron est plutôt différente. Ici, c'est vrai que le tutoiement est beaucoup plus répandu, même avec son boss. Voilà pour ce qui me semble correcte dans ce premier point. Le reste... Bah j'ai bien rit ! Apparemment, ici, on ne salue pas ses collègues tous les jours mais seulement à son premier jour de travail. Je veux bien croire que c'est moins systématique qu'en France, mais les Québécois ne sont pas du genre à s'ignorer quand même. Enfin admettons ! Le meilleur est à venir (et je reprends la phrase de l'auteur pour ceux qui seraient obligés de coller le nez contre leur écran pour pouvoir lire l'article) : "La drague entre collègues est fréquente en France, alors qu'ici c'est vu comme un geste très déplacé" (!!!) Alors je ne sais pas pour vous, mais moi j'ignorais qu'il était de bon ton de draguer ses collègues en France. Quelle andouille, toutes ces années que j'ai passées à me montrer simplement amicale ! Et on précise bien qu'au Québec c'est "déplacé" de draguer au boulot, contrairement à la France donc, où il est apparemment trèèèèès normal de jouer à "Proposition indécente" avec Janine de la compta. Ah bon d'accord...

2) "Éviter les comparaisons" : Donc là, je pourrais simplement dire "Se rapporter au paragraphe précédent"... Bah oui, j'ai dû mal lire, j'avais cru comprendre qu'il comparait les milieux du travail français et québécois. Bref, on dit souvent qu'il ne faut pas comparer pour ne pas vexer les Québécois. Moi, je pense qu'il y a la façon de faire et surtout, que les Québécois ne sont pas si susceptibles que ça ! Bon, le monsieur dit aussi qu'il faut par exemple comprendre les règles du hockey pour montrer qu'on s'intègre bien. Je ne suis pas sûre que je reprocherais à un immigré arrivé en France de ne pas comprendre la règle du hors jeu au foot. Et je n'ai pas non plus l'impression que les gens soient choqués ici en apprenant que je n'y connais rien en hockey. Bref... Pour finir sur ce 2e paragraphe, je retiendrais cette superbe phrase de l'auteur, un magnifique non-sens : "Concentrons-nous sur les similitudes et évitons les comparaisons". J'adore ! Quand il s'agit de sortir un bel adage, n'est pas le Dalaï Lama qui veut... (ben oui, je veux bien me concentrer sur les similitudes moi, mais comment tu les trouves ?! En faisant une p'tite comparaison, ben oui !). Ah la la... j'en ris encore


3) "Aller au-delà du Plateau" : Oui, là il faut bien avouer que le quartier du Plateau Mont-Royal est the quartier préféré des Français. Apparemment, squatté par 28% des Français qui viennent vivre à Montréal, donc forcément on y entend de plus en plus l'accent de France. Pas l'idéal pour s'imprégner du style de vie québécois, j'en conviens. C'est un quartier sympa, certes, mais un peu trop bobo à mon goût (dixit celle qui vit en ville de banlieue, avec du voisin Québécois en veux-tu en voilà).

4) "Ne pas (trop) se plaindre de l'hiver" : Là aussi, y'a de quoi rire quand on sait que le fait de se plaindre de l'hiver est un sport national ici. Les Québécois l'avouent sans problème, la météo est le sujet de conversation par excellence en hiver. Bien sûr, là encore, il y a la façon de le faire. Mais j'imagine mal un Québécois me dire de rentrer en France si j'ai le malheur de dire qu'il "fait frête". En lisant ce paragraphe, on pourrait presque avoir peur : "Ouh la la, on peut se plaindre mais pas trop... Mais c'est quoi trop ?! Comment doser sans vexer personne". Moi je dis qu'il n'y a pas de soucis à se plaindre de l'hiver ! Le monsieur de l'article s'est d'ailleurs peut-être rendu compte qu'il commençait à dérailler en disant "Beaucoup de Français ne raffolent pas du froid" (Quoi ? Ils sont fous ces Français !) puisque, plus loin, il précise "même les Montréalais n'aiment pas vraiment l'hiver et le subissent en chialant". Bon, tout ça pour ça : on est tous pareils, on a du mal à garder le sourire quand la dame de la météo nous annonce un -40° en ressenti le lendemain...

Pour conclure, je dirais que pour bien s'intégrer... ben y'a pas à se prendre la tête comme ça ! Certes, on passe pour un "maudit français" si on se montre hautain et qu'on compare nos pays en laissant entendre que c'est mieux en France. Mais il faut bien être "niaiseux" pour s'installer à l'étranger (et pas qu'au Québec) et agir ainsi. Enfin cet article m'aura au moins fait rire à défaut de me donner de vraies astuces (et de me donner envie d'acheter le livre que ce Mr Renault a écrit... Ben oui, c'est quand même pour ça qu'il est là cet article).

Pour ceux qui voudraient relire l'article de façon un peu plus claire, il est toujours dispo sur le site de Métro (avec les jolis commentaires, pas souvent positifs, des internautes français et québécois).





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